TOUT CE VOUS DEVEZ SAVOIR SUR LA PROFESSION IMMOBILIÈRE EN 2020
Fiction et prospectives.
Au cours des années 2010 - 2012, "Quelque chose", quelque part a mal tourné
Et notre « CHUTE » vertigineuse a commencé.
Au sein des Empires Immobiliers, comme dans la plupart des institutions d’alors, les
« Vieilles Couronnes » se fissurèrent, craquèrent puis, toutes sans exception, finirent par voler en éclats.
En 2015, les « Vieilles Couronnes » qui nous régissaient depuis des décennies cessèrent
de nous ressasser les vertus « éternelles » de la profession immobilière et se turent définitivement.
Aujourd’hui, en 2020, la profession d’agent immobilier a totalement disparu du globe, du moins sous
sa forme « antique » ; elle est allée rejoindre le musée des professions disparues avec son cortège de slogans trop de fois rabâchés et ces guirlandes de clichés éculés qui
lassaient les clients et engourdissaient l’enthousiasme de nos collaborateurs les plus ardents.
Ça a été terriblement frustrant pour ceux d’entre nous qui avons vécu ces années noires. Ce fût un
profond désenchantement que de découvrir soudain que nous n’étions plus utiles. Que tous nos « secrets » avaient été percés par des consommateurs qui pouvaient désormais se passer de
nous. Comme notre prestige était fragile !
L’usage aussi impulsif que mal avisé que nous fîmes de l’internet nous déposséda peu à peu de notre
singularité professionnelle. Les jeunes apprentis-sorciers du web portés par un fanatisme imprévoyant contribuèrent à ce que, d’incontournables, nous devenions aléatoires, puis problématiques
pour ne pas dire suspects. Ils "liquidèrent" en quelques "clics" inconséquents « l’intermédiation » qui avait personnifié l’apport spécifique de notre profession durant
des décennies. Finalement, la facilité réussit à contaminer les plus lucides d’entre nous et acheva d’épuiser le meilleur de nous-mêmes.
Sans doute aurions-nous dû réagir plus vite aux variations des contextes culturels, économiques et
sociaux et essayer de mieux les "intégrer" dans nos solutions immobilières ? Peut-être aurions-nous dû réajuster nos structures en fonction des transformations extérieures avant qu’elles ne
deviennent définitivement incontrôlables ? Mais nous étions alors une organisation arrogante et sans finalité.
La survenance de nouveaux enjeux aurait dû nécessiter de notre part une nouvelle série de réglages
internes et de mises au point avec notre base. Peut-être aurions-nous dû passer plus vite d’une structuration traditionnellement « rigide » à des structurations plus souples et plus
mobiles ? Nous montrer plus plastiques et renoncer à notre goût incorrigible pour le cérémonialisme ?
Quoiqu’il en en fût, notre système ne su pas assurer l’adéquation des moyens aux buts poursuivis et se révéla inapte à opérer l’adaptation de notre profession à son nouveau milieu
environnant. La profession n’était pas prête à affronter des vagues de transformations houleuses et sans fin qui allaient suivre. Elle fût incapable de s’ajuster à la
brutalité de l’époque et aux changements que personne n’avait pu prévoir. Comme toujours quand les temps changent, c’est toujours avant qu’on s’en
aperçoive.
Pendant que nos « Vieilles Couronnes » se querellaient sur le fait de savoir ce qui était le plus logique pour assurer la permanence de notre belle institution au lieu de chercher à répondre à ce qui devait être rapidement
"adapté" à la demande collective, notre CHUTE se poursuivait, vertigineuse.
Dans les années 2010/2015, « la crise » avait provoqué la remise en cause des idéologies
de consommation qui reposaient alors sur la publicité faite à l’envie, la jalousie, la propriété. Il s’était créé une situation extrêmement dangereuse. On venait de découvrir que le monde était
épuisé par une exploitation intensive et que sous le masque de la croissance, avec lequel on nous trompait depuis des décennies, se dissimulait depuis longtemps déjà le visage bien réel de la
pénurie. Les toutes dernières données économiques mondiales venaient d’apprendre au monde que nous allions devoir nous préparer à accepter des restrictions sans précédents : Ce qui, dans le
langage immobilier, allait se traduire inexorablement pour chaque individu par un espace vital plus restreint et par un plus faible coefficient d’intimité privée.
Le monde d’alors n’était pas préparé à accepter ces soudaines frustrations, ces nouvelles
restrictions imposées. Le monde d’alors n’était pas préparé à reconsidérer à la baisse ses modèles de consommations. Tous les individus d’alors partageaient donc la même inquiétude face
à la désuétude qui menaçait leur statut. Ils voulaient, contre toutes évidences et contre tout bon sens, continuer à jouir du présent ; continuer à jouir du monde tel qu’ils l’avaient
toujours connu, tel qu’on le leur avait toujours promis. Ils voulaient continuer de voir, dans l’achat de leur logement, le pouvoir de s’offrir toujours plus de distance sociale ou, tout au moins
pour les moins ambitieux, celui de préserver leur dignité. Ils voulaient continuer d’y voir l’ultime médian de leur autopromotion sociale comme le moyen de décrocher de la morosité, de la
banalité ou de la folie de leur quotidien.
Face à ce dérèglement programmé, les Empires immobiliers auraient dû alors tenter de contrebalancer
les inquiétudes de leur base en magnifiant d’opportunes « idéologies de consommation correctrices » qui auraient rendues la pilule moins
amère à leurs contemporains et qui aurait permis au nouveau consommateur d’apprendre à vivre avec des « à peu près », d’apprendre à faire « semblant ». On aurait pu essayer
d’apaiser ses tensions sous un nouveau vernis « d’éthique urbaine », au prétexte de nouvelles conduites solidaires, ou d’une nouvelle expression d’une conscience collective plus
responsable. On aurait dû chercher des moyens indirects de valoriser son pouvoir d’achat en baisse à travers d’autres cohérences afin de l’arracher à la perspective d’une sinistre abstinence
devenue inéluctable ; mais c’était là chose inimaginable pour nos dirigeants de l’époque, eux-mêmes façonnés par des logiques guerrières, individualistes et expansionnistes.
Malgré son embourbement manifeste, la profession continua de promouvoir de vieilles recettes et les
faux-semblants modernisant. On fît brûler des cierges dans l’attente du retour hypothétique d’une économie plus favorable et on continua ostensiblement à célébrer la réussite et l’expansion en
tant que valeurs "phare" et à afficher, contre tout bon sens, des solutions toujours plus inflationnistes.
Bien sûr, des voix s’élevèrent pour tenter de faire valoir d’autres orientations mais aucune
alternative nouvelle ne pouvait avoir sa place dans l’édifice immobilier d’alors. Toutes les propositions hétérodoxes et prospectivistes furent jugées sacrilèges ou blasphématoires par la caste
dirigeante et proclamées attentatoires à la « Souveraineté de l’Empire ».
Dans le désarroi général, les tensions étaient telles que toutes conduites allant à l’encontre du
concept monopolistique était immédiatement jugées utopiques, donc punissables.
Dans ce contexte tendu, où les réflexes de la profession étaient conditionnés par une morale
matérialiste, tout interpellant qui tentait de rendre manifestes les preuves avant-coureuses de l’imminence de « LA CHUTE » était immédiatement qualifié de propagandiste ou
d’esprit torturé et mis au ban de l’organisation. Nombreux furent les imprudents qui tentèrent de stimuler l’inventivité assoupie de leurs camarades, de provoquer des changements. Nombreux furent
ceux qui parfois timidement ou parfois au lance-flammes se heurtèrent à l’establishment, à « l’appareil » et à ses experts, quelquefois même à ses chiens de garde pour tenter de
prévenir la fin calamiteuse de ce monde chimérique où le crédit continuait vaille que vaille de fabriquer dans nos esprits engourdis l’illusion de l’apparente richesse des pauvres. Nombreux
furent ceux qui tentèrent de sortir la profession de son assoupissement ; mais il n’y avait pas encore à l’époque des règles garantissant à chacun une égalité d’expression. On n’avait pas
encore intégré dans nos logiques de décisions la façon actuelle avec laquelle nous désignons aujourd’hui nos acteurs politiques au sein de nos assemblées constituantes ; leur désignation se
faisait alors encore au suffrage majoritaire et désignait invariablement les serviteurs des puissants réduisant à l’impuissance ceux qui
tentaient de résister aux modèles convenus.
Si la «CHUTE » eût un seul mérite ce fût celui de mettre la question de la
« Souveraineté » au centre de nos problèmes. La nécessité d’en définir les périmètres et de faire valoir à parité les nombreuses questions qui se posaient au-delà du cadre
institutionnel.
Dans les plus hauts rangs de la hiérarchie de l’Ordre Supérieur de l’Immobilier, on avait
évidemment pris conscience de l’état calamiteux de la situation. On avait bien sûr pris conscience que le système était en train de s’écrouler sous le poids de ses propres contradictions. On s’en
inquiétait bien sûr mais on se refusait à utiliser les capacités et les ressources, pourtant immenses, des Empires. Car toute modification de la trajectoire initiale aurait été immanquablement
interprétée par les opposants comme un aveu de faiblesse. Un désaveu des doctrines officielles aurait été irréparable et aurait mené tout droit à la délégitimation du système et à son
renversement. Il était trop tard. La locomotive était lancée, trustée par les banques, les pressions politiques, les réglementations administratives et sociales, les lois du marché et ses plans
d’austérité. Les dés étaient jetés et rien désormais ne pouvait plus l’arrêter !
Alors, plutôt que de relever avec courage des structures nouvelles où se noueraient de nouvelles
solidarités entre les diverses manières de voir, de fédérer et de galvaniser de nouveaux collectifs, les Empires excitaient au contraire les antagonismes, on montait les uns contre les autres, à
leur plus grand détriment. Chaque Empire s’agrippait à son" fromage" et s’obstinait à assujettir des troupes de plus en plus démotivées en faisant régulièrement appel à leur loyauté et à leur
sentiment communautaire afin d’entretenir le plus longtemps possible les choses en l’état. Après tout, comme en politique, ce serait à leurs successeurs (s’il y en avait) de faire leur affaire
des décombres dont ils hériteraient !
Nous perdîmes ainsi l’occasion de construire cette cohésion qui nous avait toujours fait tant
défaut. Nous perdîmes l’occasion d’instaurer un système vertueux de valeurs partagées entre partenaires, basé sur la reconnaissance et l’optimisation indispensable du rôle de chaque acteur de
notre filière professionnelle et sur la fierté d’appartenir à une même entité. Nous perdîmes l’occasion de jouer un rôle pilote dans l’innovation face aux mutations techniques et sociales qui
nous attendaient.
Aujourd'hui, en 2020, les choses ont beaucoup changé : On ne vend plus les logements sur des
linéaires virtuels accompagnés de fiches techniques sommaires et atones et de promesses commerciales tapageuses. On a cessé de parler pour ne rien
dire.
Avec la CHUTE, on a appris à "jouer", moins sur le logement que sur la "perception du logement".
Le fait que le logement au même titre que toutes nos possessions matérielles reflète la personne qui le détient est aujourd’hui complètement au centre de
notre culture immobilière. On a appris à "requalifier" des biens et des sites qui étaient tombés en désuétude ou en désaffection. Certains logements, malgré leur faiblesse fonctionnelle,
reviennent sur le marché grâce à l’introduction salvatrice de nouveaux métiers : les Psycho-ensembliers d’intérieurs qui nous font
oublier que le logement est un simple objet pour en faire « une solution » et font ainsi s’épanouir les plus modestes de nos logements dans de plus grandes
perspectives.
Ces nouveaux magiciens s'employèrent à faire, de logements banals, de jolis logements confortables
où il fait bon vivre ; un lieu spécial de sécurité et d’amour que le couple est impatient de retrouver après le travail. Ils permirent à chacun d’inventer lui-même à loisir les couleurs de
son cadre de vie. Grâce à ces objets et à ces technologies innovantes on eut l’impression qu’un foyer pourrait être recréé
pratiquement partout et nous nous aperçûmes que nous disposions d’une offre confortable qu’il aurait été dommage de réduire avec une utilisation trop classique.
On rétablit « l’intermédiation » en tant qu’apport spécifique majeur de la profession. Le
meilleur de la technologie réinventa des ambiances intimistes hautement personnalisées. Le mobilier escamotable et modifiable à loisir permit à l’utilisateur de choisir le décor dans lequel il
désirait se "présenter" à sa famille et à ses amis et le rétablir à son gré, après leur départ, dans son esthétique d’origine.
Aujourd’hui, contrairement à l'appréciation générale de nos homologues de 2010, il est
communément admis qu’un logement et ses alentours immédiats modifiables ou pouvant être personnalisés au gré de ses occupant a plus de chance d’être perçu comme « la » solution espérée plutôt qu’un autre n’ayant pas ces qualités. Aujourd’hui, le sentiment dominant des professionnels est que le
« foyer » signifie davantage les objets essentiels mobiles plutôt que le bâtiment en lui-même.
Aurait- on pu imaginer, il y a seulement dix ans de cela, ce nouvel
intégrateur immobilier, successeur de notre Agent immobilier d'antan, présent en demi-teintes, sans excitation fiévreuse, autant acteur que spectateur, acceptant et appréciant avec
patience les variations et les divagations de ses clients, n’éprouvant plus cet irrépressible besoin d’attirer l’attention sur lui ?
Il en aura fallu du temps pour comprendre l'humain et la relation si fortement émotionnelle qu'il
développe depuis sa plus tendre enfance avec ses lieux de vie et mettre au point ce maillage serré de relations simultanées entre les enjeux personnels, les identités enchevêtrées et les
solutions immobilières.
Sans oublier combien d’efforts attentifs il aura fallu à la profession pour restaurer un lien
social que la débauche des innovations technologiques (dont les réels bénéfices se sont révélés être extrêmement marginaux) avait appauvri, et qui s’étaient révélés si préjudiciables à la
relation de confiance. Nos prédécesseurs n’avaient réussi qu’à développer chez nos utilisateurs une sorte de "solitude interactive", aux antipodes des fondamentaux de l’intermédiation
immobilière.
Contrairement à l’effroi qu’inspirait aux professionnels d’antan la perspective que leurs clients
puissent un jour s’organiser sans eux, déserter leurs agences et qu’ils quittent définitivement leurs agences et leurs écrans pour rentrer plus activement dans leur recherche , réalisant
après des décennies de passivité, que plus ils y apporteraient d’eux-mêmes plus ils en retireraient ; nous avons modifié complètement notre attitude vis-à-vis de la rencontre immobilière.
Aujourd’hui nous ne craignons plus d’être dépossédés. Nous ne craignons aucun défi. Nous nous sommes libérés des inhibitions que nos habitudes et nos coutumes nous avaient imposées petit à petit.
Nous avons définitivement assimilé deux postulats : Un, qu’il n’existait pas de décalage entre le logement dans sa représentation "artistique" et son public et Deux : qu’en matière de
logement on ne sait jamais exactement ce que l’on cherche avant de l’avoir trouvé. Aussi avons-nous coordonné à travers une acrobatie technique qu’on aurait jugée impossible à l’époque l’ensemble
des relations les plus pertinentes entre nos solutions disponibles et les imaginaires de nos clients. Nous avons réussi ce qui était inaccessible, inimaginable il y a dix ans !
Aujourd’hui, nos clients apprécient qu’on les laisse faire, qu’on les laisse jouer tout seul.
Désormais, ils programment eux-mêmes leurs partitions jusqu’à des convergences insoupçonnées, s’essayant parfois jusqu’à l’improbable. A l'opposé de la défiance maladive de nos prédécesseurs nous
avons compris que la liberté d’essayer était la meilleure politique commerciale qui soit.
Dorénavant, à peine quelques minutes les réglages préliminaires sont nécessaires pour mettre
au point votre premier « solo » d’introduction. Un préambule « intuitif » et rapide à la partie à laquelle vous allez vous livrer avant que de coordonner votre recherche à la
diversité du stock et tenter d’établir une réciprocité parfaite. Ce sont là les préliminaires d’un dialogue ouvert qui va vous conduire au plus près
de votre recherche
Avec
l’aide d’un « Unificateur Immobilier », l’utilisateur va pouvoir improviser et tester son projet sur plusieurs partitions. Le voici calé confortablement au fond d’un siège
en forme de coupe devant « l’amplificateur sensoriel » ouvert sur l’immensité des solutions qui règne au-delà de l’écran sur autant de solutions que d’étoiles dans le ciel. A
partir d’ici, vous continuez tout seul, guidé par des haut-parleurs encastrés dont les messages indissociables de votre personnalité vous accompagnent et vous encouragent à élargir votre champ
d’expériences.
C’est d’abord l’ouverture de « la grille des enjeux » : Un plongeon dans la
recherche de vos schémas, de vos contradictions, de vos idéaux, de vos valeurs, de vos règles de vie, de vos idoles.
Facile ! Vous les programmez et vous les modulez vous-mêmes en quelques impulsions. Tous les
enjeux, par les liens qui les unissent aux solutions, sont à la fois autonomes et solidaires.
L’« Unificateur Immobilier » vous propose alors d’explorer tous les choix en lien
avec vos identités : « Qu’est-ce qui vous retient » ? « Pourquoi ne pourriez-vous pas » ? « Faites-en donc
l’expérimentation » ! L’apparition d’un nouvel enjeu et brusquement l’ensemble se désunit. Vous devez vous réaccorder sur la palette globale des solutions et réaborder séparément une
nouvelle recherche. Des éléments profondément enfouis en vous surgissent qui attendaient qu’un événement quelconque les mette à jour ? Et c’est un nouveau réajustement avec une nouvelle
réalité. Des impulsions à travers un système informatique compliqué propulsent les « solutions » les plus appropriées sur l’écran. Un rapport détaillé apparaît bientôt. L’heure et le jour de votre rendez-vous de visite s’affichent sur le mur. On s’occupe déjà de vous.
Les professionnels de l’immobilier des années 2005/2010 furent plus occupés à faire
tomber les obstacles technologiques grâce à l’électronique et à l’informatique et à les surmonter, souvent d’ailleurs de façon remarquable, que par la notion de «foyer ». Les Empires immobiliers de l’époque étaient trop captivés par leur propre succès pour s’intéresser aux interactions entre les habitants et leurs demeures et le
glissement de la notion de «produit » à celle de « foyer » n’eut droit qu’à peu d’attention. En fait, le déséquilibre entre l’énorme matériel théorique et technique déployé à
la conquête de nouveaux clients par rapport au peu de recherches entreprises pour documenter « émotionnellement » le lieu où le consommateur allait faire l’expérience de lui-même
nous fait observer qu’il existait, à l’époque, une certaine gêne, une pudeur, voire même une crainte à s’impliquer trop profondément dans un domaine qui inévitablement touchait aux émotions. Bien
que les interactions entre les habitants et leurs demeures fussent le sujet de quelques romans autobiographiques à la mode, peu d’études s’attachèrent à explorer les mécanismes de l’attachement
et de l’investissement émotionnel particulier d’un individu à un lieu. Pourtant le logement est une création du désir, non du besoin. En
ces années-là, le « pragmatisme » se portait haut. C’était avant la CHUTE !
L’époque passée a surpondéré le rationnel et a sous-estimé l’irrationnel et l’affectif. En 2010 l’achat immobilier répondait à des besoins d’utilitarisme ; il suffisait alors pour vendre d’énumérer les performances du logement –
Aujourd’hui, nous avons appris à vendre autrement. Nous vendons « un mode de vie » et « le logement qui va avec » : Un changement de
paradigme approprié à notre nouvel environnement et à nos nouvelles idéologies qui incorpore désormais le logement au sein d’un « service élargi à la personne ». Un nouveau
paradigme qui vient remplacer le paradigme ancien qui faisait du bien immobilier « l’objet central de la vente » et qui incorporait, avec plus ou moins de pertinence, des
services associés généralement très éloignés des attentes de validation que notre client voulait voir en lui.
En épilogue à cette fiction anticipatrice : ce qui compte le plus dans une rencontre
immobilière, même chargée des plus grandes menaces, c’est ce qu’elle va faire de nous. Il n’est pas indispensable que les propositions soient immédiatement éblouissantes ; il suffit qu’elles
soient le déclic subtil qui force à penser, en partant parfois d’une solution plus modeste, et qui nous mette face à nous-mêmes, pour nous conduire vers l’exploration d’autres possibles. La
rencontre est ce point de départ, ce générateur de mouvement qui nous fait quitter les idées reçues ou l’inutile.
Chercher la solution c’est toujours aller à l’encontre de l’ordre normal. C’est toujours tourner le
dos à ce que nous connaissons, à ce qui nous attire pour aller vers ce qui est difficile. C’est abandonner ses habitudes rassurantes et familières
avec l’espoir de trouver mieux.
Ceci est le message que nous délivrent nos homologues de l’an 2020.
Rappelle-moi quand tu auras décidé de me prendre au sérieux !
ORAKLIO
Hédy MECHERY – Conseil et formateur en stratégies et communications immobilières.
mechery.hedy@dartybox.com