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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 21:40

Le risque auquel se condamne tout "esprit supérieur" est de n’être point entendu des inférieurs.

 

Après avoir faits de nos collaborateurs d’agences les "victimes expiatoires" de la désaffection, pour ne pas dire du désaveu de notre profession, en promettant d’en faire très vite grâce à quelques diplômes décernés en interne, des agrégés en Droit ou en Philosophie sociale ; Ceci en contrepartie de la sauvegarde de notre mandat d’exclusivité (On notera d’ailleurs qu’aucun projet sérieux n’a encore véritablement émergé de cet engagement) , voilà que nous nous en prenons aujourd’hui à nos formateurs dont certains parmi les plus populaires se sentent déjà mis au banc des accusés.

J’ai bien dit : « parmi les plus populaires… », Car de nos jours on mesure un formateur à l’aune de sa popularité ; Il est donc à craindre que ceux d’entre nous qui militent  pour un nouvel idéal professionnel et pour une authentification des formateurs mesurée à l’aune de la perfection ; cela sans s’être assurés de l’assentiment officiel de la profession et sans s’être assurés qu’elle leur ait donnée légitimité, risquent de jouer bientôt le rôle peu enviable de « boucs émissaires ».

Certains esprits persifleurs vont même jusqu’à avancer que ce besoin urgent de ratifier les critères d’homologation de nos formateurs (sous prétexte de vouloir protéger le professionnel d’abus) pourrait n’être finalement qu’un stratagème pour reconquérir une autorité effritée et que ce beau discours idéologique masquerait une réalité beaucoup moins altruiste. D’autres encore, parmi les plus cyniques, se demandent si ce besoin urgent de redéfinir les caractéristiques du « bon formateur » se serait éveillé un jour si il n’y avait pas été encouragé par un effet d’aubaine faisant de la limitation du nombre des prétendants le premier impératif de différenciation entre le « bon » et le « mauvais » formateur.

Voila donc un projet qui pourrait comporter quelques fragilités et faire que l’idéal recherché par ce nouveau mouvement ne se paie au prix fort. Mais comment pourrait-on ne pas craindre que l’apparence du neuf ne camouffle les vieilles recettes de domination de quelques uns dont on a tant de mal à sortir ?

 

Certains formateurs "engagés" perçoivent l’indifférence à l’égard de la formation comme une menace qui mène peu à peu à la dissolution de leur spécificité et ils pensent, de ce fait, qu’il est urgent de réformer (Malheureusement tous ne sont pas capables d’une telle lucidité sur eux-mêmes). Nous devons pourtant aborder ces temps nouveaux avec bon sens et éviter d’encourager une méfiance systématique. Sommes-nous bien sûrs de savoir où nous voulons aller ? Ne sommes-nous pas en train de « faire une fixation » au lieu de nous montrer réceptifs aux changements ? La profession ne se regarde-t-elle pas un peu trop le nombril. Ne sommes-nous pas tels des aveugles qui prétendent apporter la lumière au monde?

 

Que les accusations que nous portons à l’encontre des « mauvais formateurs » soient justifiées ou non ne résoudra pas notre problème. La profession immobilière, à bout de souffle, se soucie désormais peu d’améliorer les compétences théoriques de ses troupes vers une finalité idéalisée.  Pour beaucoup de managers, aux prises avec un idéal qu’ils n’arrivent pas à réaliser, l’idéal est devenu inaccessible. Rambo a vieilli sous la crise. Fini le temps où l’on pouvait faire d’un  "petit négo à sa maman" le killer impitoyable qui sacralisait à vie sa compétence de manager. Les managers copinent désormais avec des formateurs qui ne mettent pas leur autorité en péril. On favorise l’entre-soi sur les réseaux sociaux. On s’auto-oscarise et on se popularise, on se like à tout va. Même les esprits les mieux préparés cèdent aux connivences faciles.

 

Il est donc à craindre que ce projet élitiste ne rencontre finalement qu’une majorité indifférente, une dérobade silencieuse et discrète ou au mieux une hypocrisie "bien-pensante". Il se peut même que, dans le meilleur des cas, il soit source d’agressivité et de destruction à l’encontre de tous ceux qui menacent de « faire tomber les masques » mais il a peu de chances d’espérer opérer un transfert significatif avant cinq ou six ans. Le changement ne sera obtenu que par une période d’autant plus longue et difficile que la période précédente s’est prolongée. On ne brise pas un cercle vicieux d’un coup de baguette magique.

 

Et même, si ça venait à "prendre" plus rapidement ; après une période de bruyantes revendications et proclamations nécessaires à sa reconnaissance par la majorité, le mouvement devra reconnaître les dangers de la voie qui conduit à l’étiquetage et à la stigmatisation, voire à l’oppression. En cas de désaccords, la confusion sera grande et créera polémiques et chaos. Au bout du compte, la majorité des agences risque fort de repousser l’idéologie qui leur est proposée dès lors que le choix d’un formateur obéira à une contrainte imposée par l’extérieur soutenue par un sentiment de supériorité. Nous savons tous comment nous n’aimons pas être traités, non ?

 

En tout état de cause, une belle couche de peinture neuve sur un système rouillé ne cachera pas durablement la rouille que nous laissons s’accumuler depuis des décennies de succès faciles. Plus nos démonstrations se veulent catégoriques et dogmatiques, plus elles servent en réalité à masquer nos incertitudes de fond. Autrement dit, s’il est fondamental de chercher à remédier à une situation en en cherchant les causes, il est malheureusement très fréquent d’en inventer. Alors, peut-être que cette tentative d’apurement d’une profession souligne seulement son dernier effort pour paraître à la hauteur de la situation. Nos formateurs sont-ils si peu sûrs de leur utilité qu’ils expriment la nécessité de l’exhiber en l’absence de preuves certaines ?

 

Pendant que certains s’interrogent en secret pour savoir s’ils méritent encore cette mention de formateur, d’autres s’installent d’emblée dans une position impliquant plus de droits à légitimité.  De beaux affrontements en perspective. Il ne faudrait quand même pas que cette volonté de refondre le statut du formateur ne devienne une véritable paranoïa ni un vecteur d’humiliation.

 

Je crois pour ma part que le rejet de la formation et du formateur va bien au-delà du simple désintérêt pour le contenu ou pour le formateur ; il engage souvent un rejet dont l’origine est la fragilité même du manager : Le manager d’agence, cette "interface" inséparable de toute coopération à la conduite d’une formation et ce relai indispensable à toute consolidation. Mais ceci est un autre chantier….

 

ORAKLIO

 

 

 

 

 

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