L’AMEPI 2013 - Et si nous parlions vrai ?
Faute d’une démarche véritablement mutualiste et solidaire - qu’on aurait
aimée davantage fondée sur le plaisir d’être soi avec les autres et sur la
force d’être ensemble plutôt que sur la seule promesse de protection
offerte encore pour un temps par le mandat d’exclusivité - l’AMEPI est en
train de passer à côté de son histoire.
Bien que l’AMEPI puisse être considérée comme la forme la plus
susceptible de réparer l’image de l’agent immobilier, on voit bien qu’il
faut plus qu’un mandat pour que cela fonctionne vraiment. Il faut y faire
souffler un vent d’idéalisme, une ambition mobilisatrice qui suscite, tant
chez nos opérateurs que chez nos clients, le désir de participer à
l’expression d’une empathie commune qui justifie qu’on s’engage. Cela
suppose un projet commun qui incarne une « cause » qui ennoblisse
l’engagement de nos collaborateurs et qui leur donne toutes les raisons
de s’efforcer d’être à la hauteur de l’offre proposée.
Un « projet commun » ?
Une conception devenue bien originale, presqu’un gros mot, dans un
monde professionnel où l’on officialise les mercenaires. Une véritable
gageure, dans une profession où l’on croit plus volontiers aux
interventions extérieures qu’à la responsabilité individuelle.
« Quand le sage montre le ciel, du doigt, l’idiot regarde le doigt ».
Le mandat fût le doigt, le ciel était l’union et l’idiot ne le vit pas. Au lieu
d’un emblème, d’un drapeau, d’une flamme, il ne vit que « l’outil », que
l’accessoire.
L’AMEPI continue de confondre : service et projet. Le mandat
d’exclusivité n’est pas le « projet ». Il n’est que le « moyen ». Or, si
l’AMEPI possède des pleins tiroirs de documentation sur « l’accessoire »
et son bon usage ; ils restent en revanche désespérément vides
sur l’essentiel.
Pour des raisons politiques, stratégiques, idéologiques…ou peut-être
simplement paranoïaques, l’AMEPI traîne les pieds à entrer dans une
vraie « politique d’image » qui solidariserait, d’un coup, clients et
opérateurs autour d’une promesse neuve faite au marché.
L’AMEPI n’a pas encore trouvé le slogan fédérateur qui, dans l’annonce
comme dans la pratique, traduise « l’esprit AMEPI » - qui affirme un
style, une vocation particulière et qui donne du crédit à l’annonce
d’un service que l’on prétend meilleur. Penser que la bonne entente
se passe de mots, c’est se bercer d’illusions. Le pouvoir d’un slogan ou
d’une affiche transforme les plus désabusés en militants infatigables.
En revanche, quand « la vision » d’une organisation se limite à diffuser
en boucle un crédo de moins en moins passionnant - Quand le management se réduit à la distribution de labels de conformité et à des
satisfecit de bonne conduite plutôt que de donner un avenir à ses
membres - il est temps pour cette organisation de reconsidérer sa
conception du Projet commun.
Il est temps pour l’AMEPI de donner à son action une image plus
militante car aujourd’hui des acteurs déterminés, tels que vous-même
Mon Cher Monsieur X, issus d’organisations représentatives locales et
un peu déçus que la nouvelle "enseigne" n’ait pas vraiment modifié
l’intérieur de leur "boutique", commencent à parler en leur propre nom,
en affirmant leur droit à proposer l’orientation future de leur petit
morceau de territoire. Avec lucidité, ils perçoivent bien ce décalage entre
la langue de bois et la réelle complexité des problèmes qu’elle est
sensée exorciser. Ils s’interrogent sur tous les moyens de regagner de la
compétitivité en imaginant, pour leurs petites unités de production, des
formes nouvelles de management, de coopération inter-agences, des
maillages plus souples, plus responsables et plus solidaires.
Il faut plus qu’un « outil » pour que l’AMEPI survive aux bouleversements
actuels. Il faut avoir la volonté que les rapports entre partenaires
fonctionnent à tout prix. L’union idéale n’existe que dans l’imagination ;
dans la réalité, elle est écrasée par les impératifs du quotidien. L’issue
du pronostic reste donc incertaine. Il est désormais à craindre que, si
nous n’y faisons rien, la montée des individualismes, exacerbés par la
nécessité de survie, ne devienne bientôt ingérable pour l’AMEPI et scelle
sur les quelques deux ou trois années à venir la fin du règne des grands
dinosaures.
L’urgence aujourd’hui c’est faire vivre le projet partagé. Or, le plus subtil
des leaders ou le plus compétent des managers doit reconnaître que son
savoir et sa bonne volonté ne le prédisposent pas à affronter l’incroyable
sophistication des mécanismes comportementaux individuels ou à
piloter, seul, les évolutions organisationnelles de la profession.
« Faire plus et mieux à plusieurs ». Voila le mode de management qui
doit être aujourd’hui le plus recherché.
La fausse rigueur de nos formations, nos discours élitistes, notre goût
pour la « diplômite » ne nous permettront, au mieux, de toucher les
dividendes de tels systèmes que dans cinq ou dix ans. Bref, quand il
sera trop tard ! Cessons donc de toujours camper dans le même pré.
C’est avec les hommes qu’on peut gagner cette guerre, alors mettons-les dans des conditions qui le leur permettent plutôt que de les mettre
continuellement en situation d’accusés, de faire l’impasse sur la
médiocrité de leur statut, de nier l’irruption de la mondialisation dans
leurs vies quotidiennes. Notre profession est méprisée parce qu’elle est méprisante. Parce qu’elle a perdu le sens du bien public. Notre
profession est méprisante et méprisée parce qu’elle demeure un lieu
d’affrontements idéologiques où le poids des structures, la rigidité des
statuts, le corporatisme, la peur défensive rendent tous processus
d’évolution délicats à conduire et électoralement peu payants. Notre
profession entre de plein fouet dans un nouveau monde concurrentiel.
Le choc est inévitable et la performance devient collective. Nous ne
pouvons plus tolérer la misère d’être méprisés ni nous offrir le luxe d’être
méprisants.
Les organisations qui monopolisent depuis des mois le discours
immobilier et qui s’emberlificotent dans des considérations désastreuses
condamnent une profession toute entière à une image de « non service » qui fait oublier les efforts que de multiples partenaires ont pu
consentir pour améliorer l’image et la qualité des services offerts par la
profession toute entière. Toutes ces considérations, tous ces discours
nous éloignent du vrai sujet. Les clients de nos agences immobilières
n’attendent qu’une seule chose de nous : que nous nous organisions afin
de cesser de leur faire payer le prix de l’inutile et de la non-qualité ; faute
de quoi, il est à craindre qu’ils ne finissent très vite par faire des
« cocottes en papier » de notre mandat fétiche sous le regard
faussement navré de notre ministre de tutelle dans le rôle de Ponce
Pilate.
Nous organiser afin de cesser de faire payer à nos clients le prix de
l’inutile et de la non-qualité : C’est là, l’objectif qui doit relancer
collectivement tous les opérateurs à la recherche d’une collaboration
plus efficace et dont la condition sine qua non est notre capacité à faire
évoluer notre vision du management et notre attitude vis-à-vis de nos
collaborateurs.
Merci à l’AMEPI d’avoir semé les graines d’une pratique immobilière
originale, moins restrictive, plus fédératrice et plus génératrice de valeur
ajoutée – Merci d’avoir créé « l’outil » prétexte à des collaborations
parfois improbables dépassant l’esprit de castes et les corporatismes. Il
Lui reste maintenant à apprendre à ses membres à se concurrencer sans se détruire. Pour cela, il lui faut cesser de préférer le secret, au projet. Se décider à communiquer autour de valeurs réellement exaltantes et mobilisatrices. Et affirmer enfin son ambition et sa véritable vocation qui est moins de "vendre du mandat exclusif", que de «Promouvoir de nouvelles formes de convivialité ».
0RAKLIO.